« The Interview » plombé par la critique 
Le film de Seth Rogen, un temps déprogrammé par Sony mais finalement diffusé, serait « aussi drôle qu'une pénurie de nourriture au temps du communisme ». 
« Tout ça pour ça » ? Disponible sur Internet en VOD et bientôt en salle, The Interview, le film de Seth Rogen menacé de non-diffusion après l'attaque informatique contre Sony Pictures, n'a pas enthousiasmé les critiques. A les lire, les aventures des deux journalistes crétins mandatés par la CIA pour tuer le dictateur nord-coréen Kim Jong-un tiennent moins de la satire politique que de la comédie potache ratée.

« On est loin du Dictateur de Chaplin ou même du Team America des créateurs de South Park », autrement plus corrosifs, estime Philippe Berry sur le site 20 minutes. Et si « personne ne s'attendait à du grand art », insiste le Wall Street Journal, la piètre qualité du film est assez « remarquable ».

Un temps privé de sortie, The Interview avait pourtant bénéficié d'un large soutien des médias et du public, s'adjugeant, avant visionnage, 96 % d'opinion favorables sur le site d'agrégation de critiques cinéma Rotten Tomatoes. Le taux de satisfaction est nettement plus bas une fois le film diffusé : 50 % des professionnels disent avoir aimé et ils ne sont que 32 % parmi les « top critics » – la « crème de la crème » – à partager cet avis.

 

« BLAGUES NULLES »

La palme de la charge dévastatrice revient sans doute à Scott Foundas, de Variety. Pour le journaliste, « la Corée du Nord a eu raison d'objecter : la farce sur l'assassinat de Kim Jong-un signée Seth Rogen et Evan Goldberg est une attaque terroriste en règle... contre le genre comique ». Le film est « aussi drôle qu'une pénurie de nourriture au temps du communisme ». A déconseiller aux spectateurs dotés « d'une tolérance limitée pour les blagues à base de pénétration anale ».

Dans le même registre, Slate se montre plus indulgent. « Il faut avouer que les premières minutes sont assez géniales », écrit la journaliste Aisha Harris. « Mais à l'issue de cette ouverture amusante, le film empile des blagues nulles sur les Asiatiques (...) et beaucoup trop de diffusions de Firework, de Katy Perry (dont Kim Jong-un est secrètement fan) ».

« Ça m'ennuie de dire ça, mais ce n'est pas la moitié de la satire que ça aurait pu être », regrette la critique du New York Post. La comparaison avec le film d'animation Team America, qui mettait en scène des agents engagés pour faire échouer un complot orchestré par feu Kim Jong-il (le père de l'actuel dirigeant nord-coréen), pèse en effet sur le film. « The Interview a l'épaisseur comique d'un sketch moyen voire médiocre de Saturday Night Live » (une émission comique américaine), tranche le Hollywood Reporter.

Les internautes semblent toutefois apprécier le saillie. Sur Twitter, ils sont nombreux à saluer la performance d'Eminem, qui fait une apparition, et celle du duo comique formé par Seth Rogen et James Franco.

 

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La comédie qui irrite Pyongyang, symbole de la liberté d'expression dans les cinémas

 Après avoir été au centre d'un maelström diplomatique, la comédie "L'interview qui tue!" sur un complot fictif d'assassinat du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, est considérée par les premiers spectateurs en salles comme le symbole de la défense de la liberté d'expression.

"Je n'avais aucune intention avant d'aller voir ce film mais étant donné tout ce qui s'est passé, je pense que c'est important de montrer notre soutien", a déclaré à l'AFP Greg Millett, un scientifique de 46 ans, juste avant la projection du film dans le West End Cinema à Washington.

"Nous pensons qu'il s'agit d'une question de principe très importante de ne pas laisser des entités dicter ce qui peut être vu ou pas vu en Amérique", a expliqué dimanche à l'AFP Josh Levin, co-fondateur de ce cinéma de la capitale fédérale. "L'intimidation ne devrait pas empêcher la libre expression des idées".

Une raison avancée par de nombreux spectateurs qui ont fait le déplacement pour voir le film dès sa sortie jeudi, dans environ 300 cinémas aux Etats-Unis. Au lieu des 2.500 salles prévues à l'origine dans les grands réseaux.

Certains ont même eu la surprise, en assistant à une projection nocturne mercredi soir à Los Angeles, de recevoir la visite des co-réalisateurs de la comédie, Seth Rogen et Evan Goldberg.

"Nous pensions que ça n'arriverait jamais", a déclaré Seth Rogen, également l'une des têtes d'affiche de la comédie. "Nous voulions simplement vous remercier. Sans des cinémas comme celui-ci et sans des gens comme vous, les mecs, ça ne serait pas arrivé", a-t-il ajouté, selon des vidéos postées sur YouTube par plusieurs spectateurs.

Car les grandes chaînes de cinéma américaines ont toutes annoncé la semaine dernière qu'elles renonçaient à projeter la comédie à la suite des menaces proférées par des pirates informatiques, évoquant les attentats du 11-Septembre.

Une décision qui avait amené le studio Sony pictures entertainement (SPE) à annuler la sortie du film sur grand écran, prévue le 25 décembre aux Etats-Unis après avoir été retardée une première fois.

Le président Barack Obama avait qualifié cette reculade d'"erreur" et de nombreux parlementaires avaient regretté cette décision de Sony. Acteurs et réalisateurs avaient dénoncé une grave atteinte à la liberté d'expression.

Mardi, Sony est finalement revenu sur sa décision et a autorisé une sortie limitée dans des cinémas indépendants. Le film était accessible dès mercredi soir, moyennant finances, sur plusieurs plateformes internet et un site dédié (www.seetheinterview.com).

"Beaucoup de gens me disent en achetant leur billet qui le font pour une question de principe", a précisé M. Levin, le patron du cinéma de Washington qui a vendu en moins d'une heure tous les billets jusqu'à samedi inclus.

C'est le cas de Jeff Crowley, un chercheur de 49 ans, qui a pris place dans son cinéma. "Je ne serais certainement pas ici mais avec cette controverse je pense que c'est important de venir voir ce film".

"Comme a dit le président Obama, s'ils peuvent faire cela pour une comédie, on peut se demander ce qu'ils feraient pour un documentaire sérieux", a-t-il poursuivi. "Pour moi, c'est davantage pour le précédent que ça pourrait créer...car nous ne voulons pas que tous ces studios de cinéma aient peur".

Ce n'était au départ qu'une simple comédie mettant en scène James Franco et Seth Rogen en journalistes de télévision qui obtiennent une interview avec Kim Jong-Un. C'est alors selon le scenario que la CIA s'en mêle et les charge de tuer le jeune leader.

Le film a tellement irrité le régime de Pyongyang, qui l'a qualifié "d'acte de terrorisme", que la Corée du Nord a commandité un piratage informatique massif de Sony avec un chantage à la clef. C'est ce qu'a affirmé la police fédérale américaine, le FBI.

Cette cyber-attaque révélée le 24 novembre avait été revendiquée par un groupe de pirates "Guardians of the peace" (GOP), exigeant du studio de cinéma qu'il annule la sortie du film. Ces hackers avaient notamment menacé de s'en prendre aux salles de cinéma qui projetteraient la comédie.

Le régime communiste nie être impliqué dans ce piratage au cours duquel les données personnelles de 47.000 employés et collaborateurs de Sony Pictures ont notamment été dérobées, tout en félicitant les auteurs.

Le président Obama avait assuré que Washington répliquerait après ce hacking, décrit par le FBI comme la plus grave cyber-attaque jamais menée aux Etats-Unis.

L'agence de presse gouvernementale nord-coréenne a de nouveau agité la menace de l'arsenal nucléaire du régime et conseillé à Washington de "réfléchir à deux fois à sa politique hostile" envers Pyongyang.

 

Voir

http://miscellaneous-land.over-blog.net/2014/12/the-interview-polemique-sur-la-liberte-d-expression-faut-il-faire-des-films-ou-l-on-incite-a-tuer-les-dirigeants-en-place-a-tuer-kim

 

From : l'Obs , le Monde ,............

 http://www.lemonde.fr/pixels/article/2014/12/25/the-interview-plombe-par-la-critique_4546093_4408996.html#60oHSpJU16ZkxK68.99
 

 

 

 

Tag(s) : #Stratégie - Défense - Relations Internationales, #Politique Intérieure - Extérieure
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