Gilles Bourdouleix, député-maire UDI de Cholet, sera exclu mercredi soir de la formation centriste après avoir déclaré "Comme quoi, Hitler n'en a peut-être pas tué assez" devant des gens du voyage. En janvier 2012, L'Express lui avait consacré un portrait.


Gilles Bourdouleix, député-maire de Cholet, va être exclu mercredi soir de la formation centriste pour avoir dit qu'" Hitler n'en a peut-être pas tué assez" devant des gens du voyage.


Le voilà qui remonte sur scène, entre viande et fromage. Il reprend le micro, s'élance a capella. My Way, en anglais dans le texte. A l'occasion de cet Automne d'or 2011, incontournable rendez-vous des seniors, Gilles Bourdouleix avait déjà entonné Aznavour, Ferrat, Montand.

Devant une salle acquise, il honore sa réputation d'homme de contact, le même qui s'attable au Guingois, le samedi matin, avant de faire un tour au marché. On le salue, on l'applaudit parfois, on ne s'étonne pas. Bientôt 17 ans que cela dure : l'édile n'est pas de ceux "qu'on ne voit qu'aux élections".

 

Au coeur d'une polémique

Encadré par quatre fonctionnaires de police, Gilles Bourdouleix fait face à plusieurs dizaines de gens du voyage. L’échange est « musclé », sans violence. Certaines personnes de la communauté des gens du voyage provoquent le député-maire de Cholet : elles l’accusent de racisme et effectuent des saluts nazis.

 Voici l’extrait de cet échange au cours duquel , Bourdouleix a évoqué l’extermination nazie.

-          Gens du voyage : « Y a pas moyen de trouver un terrain d’entente avec vous. Vous savez tellement parler… ».

-          Brouhaha

-          Gilles Bourdouleix : « Y a la loi. La loi, elle s’applique ».

-          Gens du voyage : « Vous savez parler mieux que Sarkozy ».

-          Gilles Bourdouleix : « La loi, elle s’applique »

-          Brouhaha

-          Gilles Bourdouleix : « Demandez à M. Estrosi. Demandez à M. Priou (NDLR : maires de Nice et de Guérande). La loi, elle s’applique ».

-          Brouhaha

-          Gilles Bourdouleix (moins fort) : « Comme quoi Hitler n’en a peut-être pas tué assez… »

 

Pour avoir dit qu'Adolf Hitler "n'en avait pas tué assez"devant des gens du voyage, Gilles Bourdouleix, député-maire UDI de Cholet, sera exclu mercredi soir de la formation centriste. 

Ah, Gilles Bourdouleix... Forcément un sujet de conversation à Cholet. Maire depuis 1995, président de la Communauté d'agglomération du Choletais (CAC) depuis 2001, député depuis 2002, il a imposé sa marque, qui repose d'abord sur cette causticité et ce lien affectif direct. 

Même Antoine Mouly (PRG), son opposant historique, s'est laissé séduire... jusqu'à se rallier : "Nous avons toujours entretenu de bonnes relations humaines" raconte-t-il. Au demeurant, le soutien des urnes est sans appel : en 2008, le maire a été réélu au premier tour, en tête dans les 35 bureaux de la ville. Au lendemain d'une hausse d'impôts...

C'est que le système Bourdouleix s'appuie aussi sur d'autres ressorts. La Charte, le club de soutien qu'il a cofondé en 1991, fonctionne certes au ralenti depuis quelque temps, mais se réunit encore tous les mois. On y trouve des élus, dont plus de la moitié de la majorité municipale, des libéraux, des chefs d'entreprises... "Ce n'est pas un lieu où se décident des contrats" précise Thierry Abraham, son animateur. Mais un réseau qui compte, tout au moins.

 

Pour tisser sa toile, le maire de Cholet ne lésine pas non plus sur la communication. Entre ville et Agglo, vingt-deux personnes s'y consacrent _ contre seize à La Roche-sur-Yon ou trente à Angers, dans une agglomération trois fois plus peuplée. 

Gilles Bourdouleix dispose aussi de trois publications gratuites: le 49.5, son journal de député, Cholet Mag et Synergences.

L'hebdo de l'Agglo occupe six salariés et est distribué dans 37 200 boîtes aux lettres: un outil efficace, quand les correspondants de presse locale se raréfient. Au conseil d'administration de son agence éditrice siège en outre Régis Réveillé, le patron de Télévision locale du Choletais (TLC), où Bourdouleix enregistre tous les quinze jours sa tribune, Parole de député. La machine est rôdée, les autres médias locaux concurrencés.

Le reste n'est que bataille. Le Conseil d'Etat avait donné le ton, en réservant pendant de longs mois sa validation de l'élection de 1995. Le caractère de l'édile, à la fois tempétueux et servi par la rhétorique brillante de l'avocat qu'il est devenu, allait orienter la suite. Les conseils municipaux sont houleux. 

 

Gilles Bourdouleix y joue au maître d'école, coupe le micro, teste un opposant sur sa maîtrise des dossiers... "Il est dans le match du début à la fin", résume Bruno Cailleton, son directeur de cabinet. Et il connaît les règles, qu'il respecte... sans zèle : l'opposition ne perçoit pas d'indemnité et n'est jamais invitée aux collations post-conseils.

"Celui qui n'est pas avec lui est contre lui" résume Jean-Marc Vacher (PS). L'opposition n'est pas la seule à en faire les frais. Journalistes, juges, préfets, policiers : tous ont, au moins une fois, fait l'objet d'un coup de gueule de l'édile. "Quand il ne se sent pas menacé, il est sympathique", reconnaît Philippe Renaudet, son ancien directeur de cabinet. "Mais cela peut changer très vite...

Quand le maire, en 2008, propulse première adjointe sa jeune "dircab", Géraldine Delorme, celle-ci est la première surprise... Deux ans plus tard, elle se retrouve rétrogradée dans la foulée d'une campagne régionale qu'elle a animée sous l'aile de Christophe Béchu, au sujet duquel son patron ne se montre pas toujours élogieux...

Pour elle, "l'épisode est clos". Mais l'affaire est entendue : Gilles Bourdouleix aime la confrontation. "Il fait passer sa vision autoritaire pour de l'indépendance" note encore Jean-Marc Vacher. "Cela ne sert pas forcément les Choletais".

"Ça eut payé", se souvient au contraire l'élu, qui sait d'ailleurs aussi menacer. De démissionner de son mandat, en 2006, si des gens du voyage ne quittent pas illico un terrain occupé illégalement ; de priver la CAC de sa ville-centre, en 2005, quand le maire de La Romagne émet des réserves sur le budget ; ou encore de réunir Cholet à la Vendée, en 2006 et 2011. 

"Une plaisanterie", dit-il aujourd'hui. Qui a fait mouche. "Tous les jours, les Choletais se demandent ce qu'il réserve" note un observateur attentif de la vie municipale. "Ils sont faussement scandalisés : le lien affectif se consolide sur cette base." CQFD.

 

"Cholet a passé un cap"
Si l'opposition de gauche, longtemps dispersée, se restructure peu à peu ; si le Modem s'apprête aussi à changer de visages ; si Cholet a voté Royal en 2007, le maire reste serein, confiant dans la mécanique bien huilée qu'il a mise en place. 

Les outils de démocratie participative créés dès 1995 lui permettent de prendre le pouls de la ville. L'équipe municipale est organisée en pôles de compétence : à chaque adjoint son secteur, à chaque conseiller son adjoint. Un seul mot d'ordre : l'efficacité. 

Car aux critiques épinglant son caractère, Gilles Bourdouleix oppose en général son bilan. "Il est plus maire-député que député-maire" reconnaît Antoine Mouly. Taux de chômage peu élevé, désenclavement... "On a fait passer un cap à la ville", se targue l'édile. 

Son cheval de bataille : le développement économique. L'Agglo veille à disposer de réserves foncières pour l'accueil de nouvelles entreprises. En périphérie, elle créé des zones. Les 50 hectares du Cormier V verront le jour en 2014. 

A la sortie de l'autoroute, une autre zone de 60 hectares est aussi dans les cartons. "Depuis 2002, on a vendu 11 hectares par an", s'enorgueillit Michel Champion. 

L'opposition dénonce un recours trop systématique à l'emprunt ? L'adjoint relativise encore : "Environ 1200 € de dette par habitant, c'est raisonnable". Si le chiffre augmente, Cholet se situe dans la moyenne des villes de même strate, meilleure élève que La Roche-sur-Yon ou Laval, par exemple.

L'Autre faubourg, les Arcades... "On fait venir des magasins", note Jean-Marc Vacher. "Mais il faudrait aussi faire le forcing dans le tertiaire". De cela, même le maire convient. Pour attirer les cadres, il ne ménage pourtant pas sa peine. Glisséo, le conservatoire, le théâtre... Autant d'équipements qui extirpent Cholet de sa réputation de sous-préfecture de seconde zone. "Elle garde l'image d'une petite ville, déplore pourtant Gilles Bourdouleix. Alors qu'on ne s'y ennuie pas". Lui, en tout cas, y veille. 

 

Des relations compliquées avec la presse
"Interdit de mairie." A Cholet, la sanction ne surprend plus aucune rédaction. Un article déplaisant et les voilà soudain privés de communiqués et d'invitations. Ouest-France fut banni après avoir retranscrit des propos du maire au sujet des gens du voyage, en 2010 ; Le Courrier de l'Ouest pestiféré pour avoir indiqué, en 2011, que l'élu avait été plusieurs fois condamné pour diffamation. "Je ne l'ai été qu'une fois", se défend-il. "Interdit de mairie", donc.

Gilles Bourdouleix fustige le fonctionnement médiatique. En conseil municipal ou dans Cholet Mag, comme en février 2009: "La presse, et particulièrement la presse locale, détourne le droit d'information en manquant à l'honnêteté et à la vérité." En décembre 2011, dans Synergences, il dénonce aussi une "ignoble volonté de nuire" de la part du Courrier de l'Ouest dans son traitement de la santé financière de la CAC. "Ils donnent trop de poids aux minoritaires ", ajoute Michel Champion. Ce que les journalistes locaux démentent. 

Le maire a aussi le coup de fil de reproche facile. Mais cet interventionnisme ne vaut qu'en aval : avant La Voix est libre, sur France 3, le 3 décembre 2011, il ne s'enquiert pas des thèmes qui seront abordés. "Il s'en fiche, pense Xavier Rolland, rédacteur en chef régional. Il va au combat. C'est un bon client." Et s'il rendait service ? Quoiqu'agacé, un scribe local se surprend à le reconnaître : "Il nous oblige à être rigoureux.

 

 

From : le Point , le courrier de l'ouest ,....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Politique Intérieure - Extérieure
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