"Tout justiciable n'a pas le loisir de venir à la télévision", commente la ministre de la Justice.

"Méthode de diversion assez éculée". La ministre de la Justice Christiane Taubira estime que Nicolas Sarkozy a adopté après sa garde à vue et sa mise en examen "une piètre ligne de défense", dans un entretien paru vendredi dans le Bien Public et le Journal de Saône et Loire. "Je constate simplement que tout justiciable n'a pas le loisir de venir à la télévision pour expliquer comment il a été 'maltraité". Je pense, d'un point de vue politique, que c'est une piètre ligne de défense et, en même temps, une méthode de diversion assez éculée", tacle la ministre de la Justice.

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Rappel de la présomption d'innocence. "Des griefs sont énoncés et M. Sarkozy a droit à la présomption d'innocence comme tout justiciable", déclare en préalable la garde des Sceaux, qui n'avait pas encore évoqué publiquement la mise en examen de l'ancien chef de l'Etat pour corruption, trafic d'influence et recel de violation du secret professionnel. "Autant je m'interdis de commenter une affaire en cours, autant je respecte la présomption d'innocence. Je ne porterai donc pas d'appréciation sur la culpabilité éventuelle de M. Sarkozy", insiste la ministre.

 

"Ce sont les juges qui décident". A la question de savoir si la garde à vue était nécessaire, Christiane Taubira répond que "ce sont les juges qui décident" et qu'elle "ne commente pas les décisions de justice, ni les procédures". Nicolas Sarkozy avait fait remarquer, lors de son interview à Europe 1 et TF1, que l'ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac, poursuivi dans une affaire de fraude fiscale, n'avait pas été convoqué sous le régime de la garde à vue. "La comparaison ne me paraît pas justifiée pour la simple raison qu'une fois que le parquet a disposé d'éléments concernant Jérôme Cahuzac, celui-ci a été convoqué. Il a reconnu les faits. La garde à vue sert à établir les choses", indique la garde des Sceaux.

 

Sur le principe, y a-t-il un risque qu'un justiciable soit l'objet d'un corporatisme vindicatif, d'une sorte de complot judiciaire ?

Cela est totalement illusoire ! Sur le réseau Thémis, sorte de forum où s'expriment des magistrats plutôt modérés, tous se sont étonnés du fait que l'on puisse faire croire à l'opinion publique que les juges se concertent pour faire tomber un ancien président ! Nous agissons toujours individuellement dans les dossiers. Le grand complot de la magistrature contre une personnalité, quelle qu'elle soit, est impossible. En outre, les juges saisis sont très différents : certains viennent du pôle économique et financier, d'autres du pôle antiterroriste (affaire Karachi), certains sont au SM, certains sont à l'USM (Union syndicale des magistrats), d'autres ne sont syndiqués nulle part, etc. En tout état de cause, le fait d'appartenir à un syndicat n'impacte en rien la neutralité ou l'impartialité. Le Conseil supérieur de la magistrature l'a rappelé : "Le magistrat bénéficie des droits reconnus à tout citoyen d'adhérer à un parti politique, à un syndicat professionnel ou à une association et de pratiquer la religion de son choix."

 

 


 

Les explications de Sarkozy tiennent-elles la route ?

FACT-CHECKING - L'ancien chef de l’État est revenu mercredi sur sa récente mise en examen et les dossiers dans lesquels son nom est apparu.

"Je vous le dis bien dans les yeux : je n’ai rien à me reprocher ! Vous m’entendez ? Rien !". Ces mots sont ceux de Nicolas Sarkozy, mis en examen dans la nuit notamment pour trafic d'influence, qui s'exprimait mercredi soir lors d'une interview exclusive sur Europe 1 et TF1. L'ex-président est ainsi revenu sur cette dernière affaire dans laquelle il est suspecté d'avoir tenté, par l'intermédiaire de son avocat Me Thierry Herzog, d'obtenir des informations sur une décision de la Cour de cassation dans le dossier Bettencourt. En échange, Gilbert Azibert, "la taupe" de Nicolas Sarkozy au sein de la haute juridiction, devait obtenir un poste à Monaco.


>> Bygmalion, Karachi, Bettencourt, Europe 1 passe au crible les différentes explications de Nicolas Sarkozy sur les dossiers dans lesquels son nom est apparu.

 

"Où est le trafic d'influence ?" "Monsieur Azibert était candidat à un poste à Monaco. Il ne l’a pas eu", a assuré Nicolas Sarkozy mercredi soir. "Mon avocat, Thierry Herzog, m’a demandé si je pouvais me renseigner pour faire une démarche auprès de Monaco. Je n’ai pas fait cette démarche, c’est dans le dossier, c’est prouvé. Le palais de Monaco a indiqué qu’il n’y a eu aucune démarche en faveur de monsieur Azibert", avance-t-il. "Et par ailleurs, il existe une écoute – qui n’a pas fuité dans la presse, on se demande bien pourquoi – où je dis à Thierry Herzog : 'non, je ne ferai pas l’intervention'", a-t-il avancé.

"Enfin, la décision de la cour de Cassation, que j’attendais positive, fût négative. Résumons le dossier sur le fond : monsieur Azibert n’a rien obtenu, je n’ai pas fait de démarche et j’ai été débouté par la Cour de cassation", a rappelé l'ex-président. "Où est le trafic d’influence ? Où est la corruption ? Qui a corrompu, et pour quel objet ? C’est scandaleux, et d’ailleurs ces motifs ont été retenus dans le seul souci de la continuation d’humilier, de m’impressionner, de m’empêcher, de me diffamer", a-t-il dénoncé.

 

>> Ce qu'il en est vraiment. Paradoxalement, avec ces propos, Nicolas Sarkozy valide une partie des soupçons. Il confirme que Gilbert Azibert a sollicité, via l'avocat Thierry Herzog, son intervention pour un poste à Monaco. Et même s'il prétend qu'il n'a pas donné suite. En droit, il suffit d'une promesse, même non tenue, pour parler de trafic d'influence.

 

Des chefs de mise en examen "grotesques". Mis en examen pour "recel de violation du secret professionnel", "corruption active", et "trafic d'influence actif", Nicolas Sarkozy juge "ces chefs d'accusation grotesques". "Et je vais vous en donner la preuve", a-t-il ainsi asséné.

"Lorsque je suis arrivé après quatorze heures d’interrogatoire par les policiers, je ne connaissais pas le dossier", a assuré l'ancien pensionnaire de l'Elysée. "J’ai accepté de répondre à tous les questions, scrupuleusement. Cela a donné 45 pages au procès verbal qui était à la disposition des juges. Elles m’ont signifié, sans même me poser une question, trois motifs de mise en examen, avant même d’avoir répondu à quoi que ce soit", a-t-il poursuivi.

 

>> Ce qu'il en est vraiment. En réalité, la procédure est tout à fait normale. Cela fait quatre mois que les deux juges d'instruction enquêtent sur le dossier. Elles savaient donc ce qu'elles allaient reprocher à l'ancien président de la République. Par ailleurs, elles ont suivi les gardes à vue en temps réel. Elles connaissaient donc parfaitement le contenu du procès verbal. Et le contenu de l'audition ne fait d'ailleurs pas 45 pages. Selon nos informations, les réponses de Nicolas Sarkozy tiennent en effet sur huit pages, pour le reste, il s'agit de la procédure.


Kadhafi et les écoutes. Nicolas Sarkozy est ensuite revenu sur les conditions de sa mise sur écoute dans ce dossier de trafic d'influence, en lien d'abord avec l'affaire du financement libyen de sa campagne 2007. "Qu’espérait-on recevoir de ces écoutes ? Que Monsieur Kadhafi, d’où il est, me téléphona ?", a-t-il lâché. "Vous pensez-bien que si on avait trouvé un compte ou un virement de Monsieur Kadhafi, vous en auriez été informé avant moi", a-t-il poursuivi, avant de dénoncer que le contenu de ces écoutes ait servi dans le cadre d'un autre dossier. Est-il normal, alors qu’il n’y a aucun indice grave et concordant contre moi, qu’on poursuive les écoutes, sur l’ancien chef de l’Etat, qui pourra demain avoir des responsabilités d’opposition ?", a-t-il demandé.

 

>> Ce qu'il en est vraiment. En ce qui concerne le bien fondé des écoutes, les magistrats justifient la mise sur écoute. Contrairement à ce que dit l'ancien chef de l'Etat sur l’absence "d'indice grave et concordant", ce sont d'autres écoutes, pratiquées sur des proches de Nicolas Sarkozy, qui ont amené les juges à le placer sous surveillance.

Un parallèle avec l'affaire Cahuzac. Interrogé sur le fait qu'il ne voudrait pas être considéré comme un "justiciable normal", Nicolas Sarkozy a assuré qu'il "ne demande aucun droit particulier". "Je ne veux aucun avantage", a-t-il insisté avant de rappelé avoir déjà eu affaire à la justice dans les dossiers Bettencourt et Karachi.

 

Pour autant, il estime que sa garde à vue est "anormale", faisant ensuite un parallèle avec l'affaire Cahuzac. Il y a eu une volonté de m’humilier, en me convoquant sur le statut de la garde à vue, qui n’est pas un statut normal. Monsieur Cahuzac, le ministre du Budget de monsieur Hollande, qui était en charge de la lutte contre la fraude fiscale et à qui on a découvert un compte en Suisse, n’a pas fait une seconde de garde à vue", a-t-il souligné.

 

>> Ce qu'il en est vraiment. Les deux affaires sont totalement différentes. Si Jérôme Cahuzac n'a pas été placé en garde à vue, c'est parce qu'il a lui-même demandé à être reçu par le juge, pour tout avouer, avant de le faire publiquement.

 

L'ex-président de la République assure qu'il n'y a pas eu de double facturation pour financer sa campagne. La Commission de contrôle tempère.

"Cette campagne a été vérifiée dans tous les sens. Interrogé mercredi soir sur l'affaire de ses comptes de campagne de la présidentielle 2012, Nicolas Sarkozy a assuré que la Commission de contrôle avait passé au peigne fin toutes les dépenses de sa campagne de 2012, démentant au passage tout système de double facturation. Mais selon les vérifications d'Europe 1, l'ancien président de la République a prêté beaucoup plus de pouvoirs à la Commission de contrôle qu'elle n'en a réellement.

 

Ce que dit Nicolas Sarkozy sur l'affaire Bygmalion. Dans ce dossier, une information judiciaire a été ouverte fin juin pour "faux et usage de faux", "abus de confiance ", "tentative d’escroquerie" et "complicité et recel de ces délits". Cette enquête s'oriente de plus en plus vers les comptes de campagne du candidat Sarkozy en 2012. "Cette campagne a été vérifiée dans tous les sens, avec un soin qui n’avait rien d’amical, par la commission des comptes de campagne et par le Conseil constitutionnel", s'est défendu Nicolas Sarkozy assurant que "quand (son) équipe de campagne a oublié d’inscrire le plateau-repas d’un chauffeur d’une des voitures, (le Conseil) l’a réintroduit".

"En ce qui concerne ma campagne, je le dis à tous ceux qui m‘ont soutenu, il n’y a jamais eu le moindre système de double facturation", a assuré l'ex-président de la République et chef de l'UMP. "Que les 17 millions qu’on prétend dépendre de ma campagne qui auraient été cachés, c’est une folie. Personne ne peut imaginer que les enquêteurs du Conseil constitutionnel ou de la commission des comptes de campagne soient passés au travers", a-t-il conclu

 

 

 

Voir :

Sarkozy , alias Bismuth mis en examen pour corruption et trafic d'influence ... un ex-Président de la République qui se croit au-dessus de la Loi !?

 

Sarkozy, critiquant l'état de Droit et les juges, ne veut pas rendre des comptes face à la Justice de son pays ?

 

 

 

From : Europe 1 ( Marc-Antoine Bindler et Pierre de Cossette ,Cécile Bouanchaud et Alain Acco )le Point,............

 

http://www.europe1.fr/France/Les-explications-de-Sarkozy-tiennent-elles-la-route-2170743/
http://www.europe1.fr/France/Affaire-Bygmalion-les-declarations-de-Sarkozy-a-l-epreuve-des-faits-2171357/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Politique Intérieure - Extérieure
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